Léna Situations s’est fait connaître en France en partageant des conseils de mode et des astuces pour vivre une vie positive avec des millions de ses adeptes sur les médias sociaux.

Cette jeune Algérienne de 23 ans, de son vrai nom Léna Mahfouf, a gagné 1,8 million d’adeptes sur YouTube et 2,9 millions sur Instagram. Elle a également remporté le Prix du public, une récompense très convoitée pour les stars de la vidéo virale. L’automne dernier, son premier livre a été en tête des classements de non-fiction en France pendant six semaines d’affilée – délogé seulement par la parution du premier volume des mémoires de Barack Obama.

Frédéric Beigbeder fustige la jeune femme

« 147 pages de vide, 19,50 euros perdus », se plaint l’écrivain Frédéric Beigbeder à propos de son livre « Toujours Plus »  dans Le Figaro, un grand journal conservateur.

« Entre l’Être et le Néant, Léna Situations penche plutôt vers la deuxième option », écrit-il dans la chronique de novembre, en référence au traité philosophique de Jean-Paul Sartre. Le jeune auteur, écrit M. Beigbeder, est « l’une des nombreuses victimes de Mark Zuckerberg ».

Les commentaires de M. Beigbeder, romancier à succès qui a été membre du jury de plusieurs prix littéraires prestigieux pendant plus de deux décennies, ont suscité l’indignation des médias sociaux français, des disciples de Mme Mahfouf mais aussi des militants qui ont vu une touche de racisme et de sexisme dans sa critique. (Mme Mahfouf a balayé la chronique de M. Beigbeder avec un tweet largement partagé : « Est-ce que je lui dois de l’argent ou quoi ? »)

Les féministes montent au créneau

Les gardiens de la littérature française sont déjà sous le feu des critiques pour avoir été trop insulaires et trop clubbeurs. Les critiques des commentaires de M. Beigbeder ont déclaré qu’ils montraient à quel point l’establishment littéraire français est réticent à reconnaître des voix comme celle de Léna.

« En tant que gardien, M. Beigbeder vise à protéger l’entrée du champ littéraire en utilisant une stratégie classique de disqualification dans le monde des lettres : stigmatiser les sensations des médias sociaux », a déclaré Delphine Naudier, sociologue au Centre national de la recherche scientifique français, spécialisée dans les inégalités entre les sexes dans la littérature.

Certains ont suggéré que M. Beigbeder pourrait se sentir menacé. « Ce texte véhicule une envie et une amertume teintées de sexisme qui méprise les productions féminines », a tweeté Rokhaya Diallo, écrivain et militante pour les causes féministes et raciales, en soulignant son « besoin de citer grossièrement la culture légitime afin de se mettre du côté de ce qu’il pense être précieux ».